Internet fait désormais partie de la vie, autant sociale que scolaire, des adolescents et il semblerait qu’ils s’y épanouissent et en tirent de nombreux avantages.
Les médias sociaux favorisent la création et le maintien de liens entre eux. Internet leur permet d’entretenir des relations significatives avec les membres de leurs familles qui vivent parfois aux quatre coins du globe. De plus, l’utilisation des technologies de l’information et des communications en contexte scolaire facilite les travaux d’équipe et favorise l’ouverture des jeunes au monde, ainsi que leur accès aux données les plus récentes. Elle aurait même un impact positif sur leur motivation à l’école7.
Néanmoins, dans ce nouvel environnement, les jeunes s’exposent autant aux découvertes et aux expériences enrichissantes qu’à certains risques, parfois sérieux.
À quoi peuvent-ils être exposés ou participer sur Internet? *
- Actualités troublantes du monde entier : drames et catastrophes
- « Fake news » (fausses nouvelles), canulars et informations erronées
- Influences et incitatifs à des comportements destructeurs : comportements alimentaires risqués, automutilation, suicide, etc.
- Pornographie, violence et autres contenus explicites
- Sextorsion, Exploitation sexuelle, cyberagressions
- Sexisme, racisme, homophobie et autres messages haineux
- Jeux de hasard
- Empreinte numérique indésirable
- Influence des stratégies de marketing
- Pourriels, virus et logiciels malveillants
- Vol d’identité
- Arnaques $
- Leurres (fausse identité)
- Vol de propriété intellectuelle
- Autres
* À quoi peuvent-ils être exposés ou participer sur Internet?8
Parmi les risques
Mode de vie sédentaire
L’excès de temps écran contribue aux problèmes liés à la sédentarité auxquels les adolescents font actuellement face et qui ont des effets sur leur santé.
Le temps que les jeunes consacrent aux écrans remplace souvent des loisirs plus actifs comme jouer au basket, faire du skate, se balader dans le quartier ou échanger entre amis au parc.
Cette sédentarité est associée à des risques plus importants d’être atteints de problèmes de santé chroniques, comme les maladies cardiovasculaires, le diabète, la dépression et l’anxiété9.
L’isolement, l’anxiété et la dépression*
Plus le temps écran est élevé, moins les jeunes se sentent bien. Ceci peut sans doute s’expliquer d’une multitude de façons. Un excès de temps écran réduit le temps consacré aux interactions avec les amis et la famille.
Il empiète bien souvent sur le temps de sommeil nécessaire. Il est aussi associé au manque d’activités physiques. Pourtant, entretenir des contacts humains, tout comme bouger et dormir suffisamment, sont des ingrédients de base pour être bien et en santé.
Ainsi, le temps écran des adolescents influence fortement le risque de souffrir de :
- Instabilité émotionnelle
- Troubles relationnels / difficulté à se faire des amis
- Dépression et anxiété11
- Troubles de l’attention et de la concentration
L’usage des médias sociaux, en particulier, est associé à un faible bien-être psychologique. Ceci peut, en partie, s’expliquer par l’impression que peuvent ressentir certains jeunes de ne jamais pouvoir décrocher – même la nuit - de peur de « manquer quelque chose » et de ne pas « être dans le coup ».
L’envie pouvant être ressentie devant l’étalage continu des plus belles réussites et expériences vécues par toutes les personnes faisant partie de leur réseau de contacts, dans les médias sociaux, peut aussi contribuer à ce phénomène.
*L’isolement, l’anxiété et la dépression10
La cyberdépendance ou l’usage problématique d’Internet
On peut soupçonner qu’un jeune vit une forme de dépendance à Internet lorsque ses comportements liés à son usage lui causent des problèmes psychologiques ou sociaux significatifs.
Des signes à surveiller12 :
- La place prédominante de l’usage d’Internet dans sa vie, au détriment de ses autres activités
- La modification de son humeur
- Le sentiment grandissant d’avoir besoin d’être en ligne
- Les symptômes de manque lorsque le jeune ne peut pas s’adonner à ses activités sur Internet
- Des conflits avec les parents et amis entourant l’usage d’Internet
- Des rechutes suite à des tentatives de réduire le temps passé sur Internet
En présence d’un ou plusieurs de ces signes chez un adolescent, il se peut qu’il ait besoin d’aide.
La cyberdépendance peut être liée à différents types d’activités en ligne : jeux vidéo, jeux de hasard, interactions sociales, recherches d’informations, divertissement, activités sexuelles ou autres.
La cyberintimidation*
Aujourd’hui, l’intimidation et la violence que subissent certains jeunes à l'école ou sur le chemin de l'école, sont aussi transposées sur Internet. Dans ces cas, on parle de cyberintimidation.
Celle-ci consiste à utiliser les médias sociaux, les textos, les courriels, la messagerie instantanée ou tout autre moyen de communication virtuel pour intimider quelqu’un.La cyberintimidation est très insidieuse parce qu’elle suit le jeune qui en est victime partout, jusqu’à chez lui, et à toute heure de la journée et de la nuit.
De plus, elle peut rapidement prendre des proportions vertigineuses en raison de la rapidité avec laquelle il est possible de diffuser des messages ou des images dans les réseaux sociaux.
Tant les personnes cyberintimidées que les cyberintimidateurs peuvent en subir des conséquences. Les personnes cyberintimidées peuvent souffrir de faible estime personnelle, de dépression, de solitude, d’isolement et même d’angoisse sociale.
Elles peuvent devenir agressives, s’absenter de l’école ou éprouver des difficultés scolaires. Certaines personnes victimes de cyberintimidation peuvent en venir à avoir des pensées suicidaires et même à se suicider. Ceux qui commettent les actes de cyberintimidation peuvent avoir des problèmes d’agressivité, des difficultés scolaires et des démêlés avec la justice. Ils peuvent avoir du mal à entretenir des relations saines et ils sont parfois eux-mêmes victimes d’intimidation. Ainsi, les victimes de cyberintimidation, comme les cyberintimidateurs, ont besoin d’être accompagnées pour se sortir efficacement de la situation.
*La cyberintimidation13
Notes
8 L’Internet est un réseau qui relie des ordinateurs entre eux partout dans le monde.
Ce réseau se compose de millions de réseaux publics et privés plus petits, par exemple des réseaux universitaires, gouvernementaux ou commerciaux (Gralon, consulté le 10 avril 2019).
Le « web profond » comprend donc une multitude de réseaux Internet : les darknets.
9 Organisation mondiale de la santé (2002)
La sédentarité, une cause majeure de maladies et d'incapacités, consulté le 4 octobre 2017, www.who.int/mediacentre/
10 Réseau d’information sur la réussite éducative (RIRE), Couzon, N. (2019).
Temps d’écran et bien-être psychologique ne font pas la paire, publié le 9 avril 2019 : rire.ctreq.qc.ca
11 Selon une étude menée auprès de plus de 40000 familles américaines, les adolescents âgés de 14 à 17 ans qui font une utilisation intensive des écrans (supérieure à sept heures par jour), seraient deux fois plus nombreux à avoir reçu un diagnostic de dépression ou d’anxiété, à avoir consulté un professionnel de la santé ou à avoir pris des médicaments pour un problème psychologique dans les douze derniers mois. Jean Twenge, de l’Université d’État de San Diego, et Keith Campbell, de l’Université de Géorgie (2016).
12 Université Laval, Philippe Daris, psychologue, Avec la participation de Marcel Bernier, psychologue Centre d’aide aux étudiants (consulté le 17 avril 2019). La cyberdépendance : quand Internet prend les commandes. www.aide.ulaval.ca
13 Intimidation et cyberintimidation, Gendarmerie royale du Canada, www.rcmp-grc.gc.ca